24/01/2008

Réveil dans la nuit à cause d’un mal de crâne épouvantable. Il fait froid dans la chambre, mais coincé entre la couette et la couverture chauffante, ça va. Le plus dur est d’en sortir pour prendre un Doliprane. Je me rendors pour me réveiller à 5 h… Je retourne vers 8h au restaurant de la fille comme elle me l’avait demandé la veille, et j’apprends qu’elle est malade : un mal de crane… Je vais la voir dans sa chambre, ou plutôt son placard, où il fait aussi froid que dehors. Elle est couchée, toute habillée sous une tonne de couvertures ; elle est contente de me voir, me demande de me rappeler d’elle et on échange nos adresses. Sa mère est désolée, m’offre une soupe de nouilles que je refuse poliment car je sais que ça ne passerait pas.

Je retourne à la gare routière accompagné par la cousine, et je prends un bus pour Anshun : chance, il est sur le départ. Au bout de 10km, le bus tombe en panne : ça doit être le gasoil qui gèle… On rembourse les passagers et on attend tous le suivant, debout en rase campagne, en tapant des pieds. Il arrive au bout d’une heure.

Verglas

Mais, après encore 10 km, lorsqu’il faut passer un petit col, il y a une queue de véhicules en attente de dégel ! La route est super verglacée ! Attente à nouveau d’une heure que les cantonniers arrivent et déversent deux camionnettes de gravier sur la route. J’arrive enfin à Anshun, après avoir vu trois voitures dans le fossé …

J’en ai marre d’être gelé. Il faut que je bouge d’ici : soit je retourne dans la région de Kunming et plus au sud, soit je vais carrément en Thaïlande ou en Indonésie. Je suis dans le local internet d’Anshun, et je vois des promos à 100 € pour ces destinations… J’hésite car je voudrais bien voir le nouvel an chinois en Chine… Je réfléchis…

Ici le froid est vraiment un problème pour moi car il n’y a aucun endroit pour se réchauffer : les gargote ont bien un poêle autour duquel les gens se serrent pour manger leur soupe, mais les devantures sont ouvertes, et l’air froid et humide s’engouffre. Pareil pour les magasins. Même les grands magasins tout neufs et arborant fièrement les Marques (!), on y grelotte, cinquième étage compris (ou le peu d’air chaud devrait se rassembler). Les bâtiments officiels, pareil : à la Poste, dans les banques, les agents sont emmitouflés, et pas un poêle. Je ne sais pas comment les gens ici résistent au froid, car les rues sont pleines de piétons qui baguenaudent, et les vendeurs qui attendent le client ne semblent pas avoir froid…Et je crois que, avec toutes mes épaisseurs, je ne suis pas moins couvert qu’eux. Il fait moins 4°, le brouillard se dépose sur les trottoirs : là où il y a du passage, c’est la boue qui colle aux semelles ; ailleurs, ça gèle et il y a du verglas.

Je vais à la gare où j’achète un billet pour Kunming en train de nuit. J’ai vu que là-bas, le temps est bien meilleur (17°). En sortant de la gare, je sens qu’il y a une urgence du côté des intestins. J’avise un beau bâtiment où il y a des fauteuils profonds dans le lobby et un vaste comptoir. Je prends ça pour un hôtel.  Je demande s’il y a des toilettes ; on me regarde bizarrement. Je confirme en montrant le mot dans le dictionnaire. Alors on me demande de suivre un garçon, mais au préalable, je dois quitter mes chaussures et on me donne des claquettes… Passé une porte battante, une bouffée de chaleur me tombe dessus, et à travers de la vapeur qui se colle à mes lunettes, je distingue des hommes à poil, serviette sur la tête, se baladant dans une grande salle, et au fond, d’autres qui se font masser, tout autant à poil, allongés sur des banquettes. Je suis dans un établissement genre bains/douche/massage = hammam !

Après m’être réchauffé et le reste…, l’oisiveté étant la mère de tous les vices, je vais trainer dans les magasins, mange des pâtisseries, me fait cirer les godasses qui en ont bien besoin.

Puis la nuit arrivant, je trouve un restaurant dont la devanture est fermée par une porte : au moins ici, il n’y a pas de courants d’air. Comme j’en ai assez des soupes, et que j’hésite devant la serveuse qui me presse pour commander, je vois passer un plat qui appétissant et je commande le même. La fille ne veut pas, mais la patronne a pris le plat qui était destiné à un client de l’étage supérieur des mains du serveur, et me le donne ! Au début, je ne reconnais pas ce que je mange, à part les morceaux de bœuf, mais à la fin j’identifie ces longues tiges croquantes avec une petite tête comme étant des champignons. Délicieux.

Je retourne à la gare où je refais mes sacs à dos en prévision de la nuit dans le train, et bien sûr, ce manège suscite beaucoup d’intérêt autour de moi, un vieux ayant carrément la tête dans mon gros sac pour voir les trésors (mon linge…) qu’il y a dedans. J’attends une heure dans une immense salle d’attente (non chauffée…) où les gens sont rangés par trains en partance et pour lesquels toutes les places sont numérotées et réservées ; mais c’est tout de même la cohue, dès qu’on autorise l’accéder aux quais. Pareil pour mon train. Mais il faut que les gens s’empressent avec les colis, les enfants dans le dos, les valises… Des policiers sont obligés d’intervenir pour apaiser la cohue !

J’ai une bonne couchette, en bas, et le train est non-fumeur (les agents sont vigilants et refoulent les fumeurs entre les wagons). Les lumières sont éteintes à 22 heures pile. Je dors bien.