30/01/2008
Après un petit dej copieux (j’ai trouvé de la confiture de fraises locale !), je vais à la réception de l’hôtel pour leur demander un vélo. Dans un local fermé par une lourde chaine, il y a une douzaine de vélo probablement nés la même année que moi. La moitié sont recouverts de poussière et les pneus à plat. Les vélos pour garçon ont la selle si haute que je ne peux même pas les enfourcher. J’opte pour un vélo de fille de la marque Phoenix. On s’aperçoit à ces occasions que les filles, ce n’est pas fait comme les garçons, car ce qui fait la différence a été plus d’une fois écrabouillé par la selle… Les pneus étant plutôt mollets, la fille de la réception se fait un plaisir de me les gonfler (hum…).
Il fait beau. Je visite le marché qui est très sympathique car on y voit une grande diversité de gens : les paysannes de la région qui sont d’ethnies parentes avec celle de Birmanie, des Birmans avec leur longyi (=sarong), des Indiens qui m’interpellent en anglais, etc. Et enfin les Chinois qui sont plutôt du côté du marché de gros. Comme dans tous les marchés, il y a une grande animation surtout du côté des viandes : traditionnels étals de viandes pendues aux crocs, plus particulier est l’épluchage des volailles et la préparation des boudins à même le sol en terre battue, et enfin, plutôt sinistre, le dépeçage des chiens (gonflés comme des ballons sous l’effet de l’eau bouillante) sous l’œil terne de leurs congénères en cage, mais encore vivants… J’achète des fraises.
Je pars en direction de la frontière avec la Birmanie qui est à 7 km de là. Tout au long de la route se sont des entrepôts de marchandises destinées à la clientèle birmane, et ça va des matériaux de construction aux clubs de golf en passant par l’électroménager… Après un monumental poste de douane où personne ne s’arrête malgré les injonctions écrites, la route passe au-dessus de la rivière Ruili par un magnifique pont et, de l’autre cote, il y a sur une petite bande de terre une autre ville, Jiegao, où tous les immeubles sont des commerces. Il y a plusieurs postes frontières car la ville birmane (Muse) entoure la ville chinoise. Un grillage marque la frontière mais il est posé de telle façon que ça invite à l’escalader. Du reste, arrivé à la rivière, il n’y a plus de grillage … Il y a peu d’allées et venues contrairement à ce que je me rappelle des villes frontières avec la Thaïlande (Mae Sae et Mae Sot).
Retour à Ruili en passant par le marché des pierres. Il y a là des centaines de magasins accolés les uns aux autres, vendant des pierres semi précieuses en provenance de Birmanie : d’endormes troncs d’arbres pétrifiés, des rochers bleutées, verdâtres, veines de brun, etc, en attente de polissage. Je m’arrête voir un ouvrier en train de polir, à l’aide d’une meuleuse, un caillou qui se met à briller sous l’effet de l’abrasion. Je discute avec lui à propos des disques de cuir qu’il emploie, puis du liquide blanc (du talc délayé) qu’il verse pendant le polissage, et enfin je visite le magasin. Je lui demande le prix de quelques cailloux et me mets à marchander. Les prix baissent de moitié ; mais quand je sors les sous, le gars est affolé, l’air de dire, “moi je ne suis que l’ouvrier” et de prendre le téléphone : (geste montrant de grandes épaules et se tapant sur la tête et désignant le ciel du doigt). Après la conversation avec le patron, voilà que les prix augmentent… Mais je n’ai pas cédé. Il y a tellement de cailloux dans cette boutique, qu’il va s’arranger et dire que je n’en ai pris qu’un et empocher la différence. Me voilà alourdi de deux kilos (un bois pétrifié brun poli et un marbre avec de belles parties bleutées), mais soulagé de 160 Y.
Je mange des nouilles sautées dans le coin, vais déposer mes fraises et mes cailloux à l’hôtel puis repars pour longer la rivière frontière vers l’ouest. Traversée de champs de canne dont c’est la récolte, et de nombreux villages Dai dont chacun possède un temple bouddhiste à l’architecture birmane. Dans chacun de ces temples (parfois très anciens), des gens sont à l’ouvrage pour réparer, peindre, construire des extensions. Apparemment, ces temples ont beaucoup d’importance ici.
Parmi ces villages il y en a un qui est à cheval sur la frontière, ce qui fait l’objet d’une grande fierté car un grand panneau annonce “un village pour deux pays”. Donc, j’ai mis un orteil en Birmanie ! Le retour à vélo dans l’autre sens est très pénible parce que la fatigue vient, que les camions remplis de canne à sucre roulent comme des dingues et dans des hurlements suraigus de Klaxon, sans oublier la selle (on ne peut pas l’oublier…). Je rentre fourbu : j’ai tout de même fait 65 km dans la journée. Retour à l’hôtel puis resto.
Demain, je prends le car pour Jinghong, dans le sud du Yunnan, près de la frontière avec le Laos. Il y fait 25°… Le voyage dure 24h (bonjour les courbatures…)!!! Donc, pas de mail demain soir. Un sms pour signaler mon arrivée à Jinghong le 01/02 vers 6h30.