27/02/2011
On décide de louer une mobylette. On fait affaire avec un gars très aimable dont le stand est presque en face de l’hôtel. Présentement il ne dispose que de trois grosses motos (> 250cm3 ?) et d’une antiquité à deux temps sans vitesse. On teste cette dernière sur quelques mètres et on signe un vague contrat (200 INR la journée). On n’oublie pas d’effectuer une petite formalité : réserver par téléphone la prochaine piaule à Calcutta. Le gars du stand-téléphone nous aide avec notre correspondante. Le gars de la moto nous emmène à la station-service faire le plein, puis en avant sur la route de Konarak !

En chemin, on fait plusieurs haltes. Un atelier de sculpture de la pierre regorge de statues de divinités hindoues ; sous un auvent, des ouvriers taillent et sculptent la pierre, un grès tendre et coloré qui permet les plus petites finesses et des polis impeccables. Pas de motifs originaux.
Au détour d’un chemin de traverse, on tombe sur un hameau traditionnel : les murs des maisons sont en pisé et les toits en chaume ; leurs façades sont décorées de fines peintures florales à la chaux. Les habitants sont surpris de nous voir sur le pas de leur porte et nous font de larges sourire et des signes d’entrer. On visite les différents espaces d’une maisonnée : une hutte pour les bêtes, une autre pour dormir, une autre pour ranger la vaisselle, etc… la cuisine se fait dans la courette sur deux foyers en pisé dont le feu est alimenté par des brindilles et des bouses de vache séchées. Un homme qui a vu de l’animation dans le secteur et parle anglais s’improvise guide du village ! Il nous présente toute la parentèle ; on fait de même avec la photo de nos enfants que chacun se repasse en faisant des commentaires (forcément élogieux !…). Puis il nous emmène au modeste temple du village qui est en rénovation. C’est dimanche et les nombreux « paroissiens » sont là pour tourner le ciment, en trimballer des cuvettes pleines sur les échafaudages et l’étirer sur le toit. Quelques-uns préparent une grande gamelle de riz et de légumes sur un grand feu.
La route sans villages traverse un sanctuaire de faune sauvage puis longe la mer. Arrêt à un point de vue sur les dunes, un lagon et la gigantesque plage. Un peu plus loin, on voit la mer proche rouler de gros tubes dans lesquels des surfeurs pourraient bien prendre le fun.
Après une quarantaine de km, on visite le temple du soleil à Konarak. Succès assuré bien sûr ! C’est un temple très imposant, construit avec le même grès rose, et sculpté de bas-reliefs du sol au sommet. Ses concepteurs ont voulu qu’il ressemble à un char, aussi il possède, sculptées à sa base, vingt-quatre roues, et devant des attelages de chevaux. Les motifs des sculptures sont des animaux fabuleux et des personnages mythiques, ces derniers dans des positions érotiques variées, impliquant un, deux, trois personnages voire plus. Impossible de comprendre le sens de cette libéralité, ni d’entrevoir ce que les nombreux touristes indiens y voient.
Derrière le site, une maisonnette abrite les neuf dieux des neuf planètes, autant de statuettes enduites de ghee et recouvertes de fleurs ou de pigment. C’est réservé au culte et quand on arrive un prêtre fait un pooja à une jeune famille : bougies, feu, pigment sur le front, psalmodies, etc… mais à l’issue de cette cérémonie, il y a désaccord et polémique, le prêtre réclamant plus que les cinq roupies que le père de famille était prêt à donner !
Déjeuner d’un thali à la gargote qui nous a gardé la mobylette. En allant me laver les mains, je visite les cuisines à la grande joie des cuisiniers !
On termine l’après-midi par un tour dans la campagne proche. Sur une colline, un genre de cérémonie en l’honneur de Khrisna : des grandes tentes colorées abritent des statuettes de Khrisna et de sa copine et des prêtres attendent le client. Dans le temple en dur et très décoré, des groupes de dévots en toge jaune-orange font des rondes autour d’un feu sacré alimenté de beurre fondu par des prêtres tout en jouant de la musique avec des cymbales et un harmonium. Ambiance assurée. Un peu plus loin, des pèlerins accroupis à même le sol mangent un repas offert par le gourou du coin. Un type s’écarte de la foule pour nous présenter au fameux gourou. C’est un type sorti direct de Woodstock mais plus habillé. Il nous offre une clémentine !
Traversée de rizières, de villages traditionnels « au calme biblique », de bourgs empoussiérés « à l’agitation dantesque »… On double des charrettes remplies de foin tirées par des bœufs. On se fait doubler par des camions hurlant de toutes leurs sirènes.
La route vers Puri est de pire en pire et ce qu’il en reste est éprouvant pour le dos et les fesses. Cérémonie dans un village dont tous les hommes sont accroupis devant un repas servi sur une feuille de banane : c’est un banquet en l’honneur d’un disparu.
Le retour à Puri se fait à la nuit tombante. Épreuve difficile : pas de lumières aux véhicules, vaches qui rentrent à l’étable, chien errants, insectes, etc…
Repas à l’hôtel. Au menu : poisson. Nous profitons de la proximité de la mer ! Nous dînons autour d’une grande table avec d’autres clients de l’hôtel. Il y a là, deux mères avec trois enfants et ce qui semble être deux nurses indiennes. Ces charmants bambins entre deux et cinq ans, font la comédie pour manger ce qu’on leur propose, montent sur la table, et tapent dans les assiettes avec les couverts… des caricatures d’enfants rois ! Un couple d’anglais les occupe et on termine notre repas à peu près tranquillement.