28/01/2008
Ce matin, l’électricité est revenue, mais pas de douche : l’eau est froide. Toilette avec l’eau chaude fournie par la bouilloire de la chambre (ça remplace les vieilles bouteilles thermos). Par la fenêtre, la pluie s’est arrêtée et de hauts nuages blancs circulent dans un ciel bleu ! Je change mes projets : vu la pluie continuelle, j’avais prévu d’aller à Ruili. Mais en voyant ce changement de temps, je décide de rester une journée de plus pour aller voir les volcans au nord de la ville. Les jeunes de l’hôtel m’indiquent le bon endroit pour prendre le bus (qui n’est plus celui indiqué par LP).
Il y a 26 km de route qui serpente dans un paysage digne du Massif Central en hiver : sommets arrondis et un peu blanchis par la neige, forêts de sapins, villages aux maisons serrées les unes contre les autres comme si elles avaient froid ; par contre, au loin, on devine de hauts sommets enneigés noyés dans de gros nuages gris.
Arrivé à Mazhan 马站, et à peine descendu du car, une conductrice de minivan me saute dessus pour me proposer de m’emmener à l’entrée du parc des volcans qui est à un km (ce que je peux faire à pied). Je lui dis que je veux aller à 12 km de là, où il y a une autre curiosité. Elle me montre un billet rouge (100Y). Je lui dis carrément non et elle me poursuit en criant “fifty”. En fait, j’ai calculé que le tarif moyen des minivans était de 1Y pour 1,5 km. Donc j’ai poursuivi mon chemin jusqu’à l’entrée monumentale du parc où on me demande 30 Y. Une vaste chaussée rectiligne de 1km trace la perspective d’un petit volcan au cône standard ; il a deux larrons à ses côtés, mais ils n’ont pas le droit au chemin d’honneur. Des vendeurs installés dans des huttes de pailles de part et d’autre de cette chaussée, vendent des bonzaïs, dont les racines ont été placées dans des pots creusés dans de la lave poreuse. Arrivé au pied du cône volcanique, trois volées de marches pour parvenir au sommet (200 m ?). Une belle vue sur le vaste bassin volcanique parsemé d’autres cônes. Un petit chemin pour faire le tour du cratère, un autre pour en descendre. L’air est frais, et empli d’une bonne odeur de sapin.
De retour à l’entrée du parc, un minivan passe, rempli de gens qui n’ont rien de touristes. Je montre au conducteur le nom de l’endroit où je veux aller, il me dit 8 Y, et tout le monde se serre pour me faire une place. La route est pavée à l’ancienne, pleine de trous, et la caisse écrasée à fond les essieux ; je ne sais pas si, dans ses tarifs modiques, le conducteur a intégré l’amortissement à court terme de son véhicule… La route traverse un plateau de ce qui fut un champ de lave, couvert d’une herbe brune d’hiver. Arrivé à un parking au bord du plateau de lave, le conducteur me fait signe. Le sentier, bien aménagé (en pierre de lave), descend assez raide vers une grosse rivière, dans une forêt de sapins. Puis il remonte la rivière jusqu’à un verrou où les eaux se bousculent.
A cet endroit (Tengchong Columnar Jointing 柱状节理), la rivière, en creusant le plateau de lave, a formé sur ses deux rives deux falaises, et a mis à jour sur chacune d’elles, de gigantesques orgues de basaltes. Ces énormes cristallisations de lave forment des faisceaux de colonnes de basalte s’étalant et se dispersant dans tous les sens : un feu d’artifice de pierre. Le soleil, qui va et vient, s’accroche sur leurs rebords anguleux, et propose des figures géométriques que n’auraient pas renié les Cubistes.
Un autre sentier repart dans l’autre sens pour longer la rivière, traverser une source calcaire et ses concrétions blanches et jaunes, puis une source très abondante d’une eau très limpide, entourée de bosquets et de gros blocs de lave.

Une femme, habitant un chalet en bambou faisant halte resto, me propose de casser la croute chez elle (il est 2h). Elle me montre un poulet qui court par-là, je dis non, car j’en aurai pour plus d’une heure. Puis elle me montre des œufs, je lui montre des tomates, une aubergine, de l’ail et du gingembre. Et après une bière et un quart d’heure d’attente à profiter de la chaleur du soleil, je déguste mon plat, un vrai délice (14 Y).
Je repars et m’aperçois au bout d’une demi-heure, en entendant de gros camions, qu’une route passe pas loin du sentier : il y a même un panneau indicateur qui indique (en chinois, bien sûr) “Tengchong, 28km”. J’attends à peine 10 mn, un minivan s’arrête et me prend. La route est en construction sur une courte partie, passe un petit col puis redescend à travers une zone marécageuse où il y a des mini-usines de fabrication artisanale de tuiles et de briques.

Ces installations ressemblent à des paniers de bambous qui servent à la cuisson à la vapeur et fument autant, mais ils sont grands comme des immeubles !
Arrivé à Tengchong, je m’achète quelques gâteaux pour le petit dej et je pars visiter le temple Laifeng qui est sur une colline à l’écart de la ville. Situé dans un endroit très paisible, au fond d’une forêt dominant la ville, ce temple est un ensemble de différents pavillons aux couleurs passées, de courettes, de jardins et de bassins, original et presque romantique (les moines bouddhistes peuvent-ils partager ce genre d’émois ?).
Redescente vers la ville, où (comme c’est trivial !) je vais chercher mon linge. Il est tellement bien plié que je vais avoir des scrupules à le fourrer dans mon sac à dos… Retour à l’hôtel où je décide de dîner.